Coopération nord - sud
Actuellement, la RDC est à un moment important dans sa mise en œuvre d’une politique de santé accessible à tous. En effet la mise en place de la Couverture Santé Universelle (CSU) entre dans la phase où les structures sanitaires présentant une qualité soins peuvent obtenir une accréditation des autorités. La CSU permet aux patients affiliés à une mutuelle de bénéficier d’un recouvrement de leurs frais de santé. Les problèmes de santé pris en charge dans ce nouveau système sont ceux définis dans le paquet de soins promulgué par le ministère de la santé congolais. Il s’agit là d’une petite révolution dans une pays où, jusqu’il y a peu, la totalité des frais médicaux était supportée par le seul patient, l’obligeant traditionnellement à faire participer toute sa famille. De plus, ce nouveau système assure aux structures de soins un recouvrement des frais engagés.
Depuis sa création, Liboso a toujours souhaité renforcer le discours des autorités sanitaires congolaises, qui ont trop souvent perdu la maitrise de leur politique de santé au travers de projets d’ONG fixant elles-mêmes leurs propres priorités. Ainsi, s’agissant de cette importante amélioration de l’accès aux soins, Liboso, au travers des maisons médicales, peut partager son expérience de travail avec les mutuelles belges et l’INAMI. Fort de plusieurs années d’une telle pratique, l’échange d’expériences avec les centres de santé de Masina permet une évolution des visions de cette collaboration. Peu habitués d’avoir une tierce partie (la mutuelle) qui prend en charge les frais médicaux et qui est particulièrement attentive à la qualité de l’offre de soins, les centres de santé font l’expérience de cette nouvelle collaboration. Les maisons médicales connaissent pour leur part très bien ce fonctionnement. Il est, du point de vue de ce fameux regard croisé, intéressant de réinterroger ce qui est mis en place pour assurer la qualité de l’offre en Belgique. Cela se fait notamment via l’accréditation des soignants au travers de formations. Cela se fait aussi par l’agrément de l’institution accordé par les autorités de tutelle en fonction du respect de différentes normes. On le voit une fois encore, les échanges à propos du mode de collaboration avec une tierce partie sont riches d’enseignements mutuels.
Une des spécificités des centres de santé des grandes villes de la RDC est leur médicalisation galopante. Ces centres sont bien souvent poussés à la pratique d’actes tels que la chirurgie ou l’obstétrique dystocique (accouchement compliqué) sans pouvoir assurer la prise en charge de complications éventuelles. Ici aussi, Liboso, par son vécu d’acteur de première ligne, est en capacité de dialoguer avec ses structures miroirs que sont les centres de santé de Masina. En effet, une étude sur la satisfaction des patients en maison médicale de 2012 révèle une haut degré de satisfaction des soins prodigués en maison médicale (Lilas Weber : santé conjuguée N° 61 juillet 2012) pour des soins de première ligne ne comprenant pas d’actes similaires. Nous pensons qu’un échange sur les pratiques sera riche d’enseignement et permettra de faire évoluer les choses sur le terrain. D’autant qu’il est à noter que les autorités congolaises ont défini un plateau technique permettant effectivement à une structure de première ligne de fonctionner sans prise en charge hasardeuse.